L’énergie solaire dans le viseur du Global Slavery Index 2023
Selon une récente enquête publiée par le Global Slavery Index 2023, la fabrication de panneaux solaires se classe désormais comme la quatrième catégorie de produits les plus exposés au travail forcé importés par les pays du G20. Cette situation pose un véritable défi pour les acteurs de l’industrie solaire, qui doivent concilier leurs objectifs environnementaux et sociétaux avec des pratiques commerciales éthiques et durables.
Alors que l’énergie solaire est souvent perçue comme une solution écologique face au changement climatique, cette enquête met en lumière les problèmes majeurs liés à l’exploitation des travailleurs et aux conditions de production dans certains pays.
Les origines du problème : une chaîne d’approvisionnement complexe
La chaîne d’approvisionnement de l’industrie solaire est particulièrement complexe et implique plusieurs étapes,
- l’extraction des matériaux nécessaires à la fabrication des panneaux (comme le silicium et les terres rares)
- le traitement de ces ressources en composants de base
- et enfin l’assemblage de ces éléments en modules fonctionnels.
Cette complexité complique le suivi et le contrôle des conditions de travail à chaque étape du processus. De plus, les principaux pays producteurs de panneaux solaires sont également ceux ayant un historique en matière d’exploitation du travail et de pratiques commerciales contraires à l’éthique.
La Chine, acteur clé et controversé du secteur
En effet, la Chine est le leader mondial de la fabrication de panneaux solaires, concentrant près de 70% de la production totale. Les entreprises chinoises ont réussi à dominer ce marché grâce à des coûts de production faibles et une capacité industrielle massive. Cependant, il a été régulièrement constaté que ces gains de compétitivité et cette position dominante reposent sur des pratiques controversées, notamment :
- la violation des droits des travailleurs
- le recours au travail forcé, surtout dans la région du Xinjiang,
- et des conditions de travail dangereuses et dégradantes pour l’environnement et les communautés locales.
Une question d’éthique face aux impératifs économiques
Dans ce contexte, les principaux acteurs de l’énergie solaire, tels que les fabricants, les distributeurs ou les développeurs de projets, doivent faire face à un dilemme éthique majeur : comment continuer à promouvoir l’énergie solaire comme une solution durable et écologique tout en maintenant leur crédibilité auprès des consommateurs et des investisseurs ?
Des mesures adoptées pour lutter contre cette problématique
Face à ces constats, certains acteurs de l’énergie solaire ont commencé à prendre des mesures pour réduire leur participation à cette face sombre de la filière :
- Exclusion des fournisseurs recourants au travail forcé ou exploitations illégales,
- Développement d’une traçabilité accrue au sein de la chaîne d’approvisionnement,
- Mise en place de certifications et labels garantissant le respect des droits humains et normes environnementales.
Les défis à relever par le secteur
Néanmoins, malgré ces initiatives louables, plusieurs défis subsistent pour rendre l’industrie solaire véritablement éthique :
- Persuader les gouvernements et autorités locales de s’engager dans une lutte efficace contre le travail forcé et les violations des droits humains,
- Favoriser les partenariats entre différents acteurs du secteur pour partager les bonnes pratiques et faire pression sur les acteurs aux pratiques contraires à l’éthique,
- Sensibiliser les consommateurs, entreprises et investisseurs à la nécessité de considérer l’éthique comme un critère clé lors de leurs choix d’investissement ou d’achat d’équipements solaires.
En conclusion, bien que l’énergie solaire représente toujours une alternative écologique et durable, il est indispensable de reconnaître et d’aborder les enjeux éthiques qui entourent la fabrication des panneaux solaires. Seuls une prise de conscience généralisée et des mesures concrètes permettront de lutter efficacement contre ces problèmes et de garantir un développement harmonieux de cette industrie, au-delà des considérations purement environnementales.